Des « Beurettes » aux descendantes d’immigrants nord-africains

Créditées d’une image favorable, tantôt perçues comme héroïnes tantôt comme victimes, les descendantes d’immigrants nord-africains, plus conventionnellement nommées « les beurettes », sont loin d’être les actrices dociles d’une intégration inconditionnelle. Partagées entre leur subjectivité et les injonctions paradoxales qui leur enjoignent de se défaire d’une différence culturelle à laquelle elles sont constamment rappelées, elles s’efforcent de mêler les sources de leur accomplissement. En régime de rareté, elles inventent des manières d’être inédites, entre auto-limitation et bricolage, semblables en cela aux individus d’aujourd’hui, refusant le prêt-à-penser et l’abolition de leur identité. Jeunes, femmes, d’origine immigrée, elles incarnent toutes ces figures pour les dépasser. Artisanes de libertés tempérées, en refusant de payer le prix exorbitant d’un déni de soi et des siens, elles prennent place parmi les actrices d’une société réconciliée avec sa diversité.